L'ange de la forêt

Ange a réussi à s’échapper des griffes des plus grands. Ils voulaient lui voler son goûter et il n’en était pas question. Après avoir couru, couru et encore couru, elle se retrouve au cœur d’une forêt. Ici commence son histoire. Seule, perdue, la nuit tombant, Ange part en quête de sa route.

Ange : C’est rapport au goûter. Moi, mon goûter, je ne le mange jamais le jour-même. Très mauvaise idée de le manger. Je le garde, le mets dans un petit sac et à la fin de la semaine, j’ai cinq. Cinq goûters. A ces cinq goûters, il faut rajouter celui du samedi. Six goûters. Six goûters en un, que je mange en une seule fois, d’un coup, comme ça. Ce n’est pas rien. Que se passe-t-il alors ? Il se passe que mon ventre a mal. Parfois ça ne se résume qu’à ça. Parfois, mon corps rend tout. C’est alors un sale quart d’heure à passer dans les toilettes. Seulement après, voilà, c’est diète, zou, au lit et qu’on ne te revoit plus ! Et là, à ce moment-là, je suis dispensée de la soupe traditionnelle aux pissenlits du samedi soir. Et là, à ce moment-là, je suis contente, très contente. Alors, bon, ça, cette technique, elle s’est sue. Certains ont essayé de me copier, hm, ils n’ont pas réussi. Ce n’est pas donné à tout le monde, il faut de l’entraînement, de la persévérance et avoir un estomac bien accroché !

Donc, ça s’est su. Et donc, parfois, à la sortie de l’école, en rentrant à la maison, il y a les autres. Les autres, c’est quelques grands du collège voisins. En fait, ce sont les petits des grands. Ils ne feraient pas les malins en face des troisièmes. Comme ils ne peuvent pas agir sur leur terrain, ils viennent dans leur ancien pour nous embêter, nous. Je suis sûr qu’il y en a un de mon école, ou pire, de ma classe, qui a cafté, tout raconté, l’histoire de mes goûters, ma technique, mon imparable technique, tout ça, ça s’est su.

Donc eux, les autres, les petits des grands mais grands malgré tout, parfois, ils m’attendent. Pas n’importe où ! N’allez pas imaginer qu’ils m’attendent face au portail de l’école. Non non non ! Je sors tranquillement, quitte l’école, prend le chemin qui mène à la maison et là, c’est là, au fameux croisement, là, ils m’attendent. Il y en a un qui m’attrape, fait en sorte que je ne puisse plus bouger tandis qu’un autre s’occupe du cartable, et le troisième plonge ses mains dedans et récolte l’ensemble de mes goûters. L’ensemble de mes goûters ! Vous imaginez un peu. C’est tout simplement scandaleux. C’est tout simplement injuste. Ils ne savent pas, ne connaissent pas les conséquences pour moi. Les conséquences : la soupe aux pissenlits !!!! Ah ! Rien que d’y penser… Je… Suis toute… Non. Non non non non non, n’y pensons pas _ Donc, aujourd’hui, tout à l’heure, ils devaient être un peu en retard, ça m’a permis de les voir se mettre en position. Le hic, c’est qu’ils m’ont vu, aussi. Ils ont vu que je les avais vu. Moment de suspens. Tout s’arrête. On entend les mouches voler et le souffle s’accélérer. Alors là, ni une, ni deux, je détale. Je mets mes mains, là, comme, ça, sur le cartable. Pas moyen qu’il glisse de mes épaules, il est bien accroché. Et là, comme ça, je cours, je cours, je cours sans m’arrêter, sans regarder en arrière, droit devant, je fonce à mille allure et, et je cours, et je cours _ et _ et me voilà !

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